Un certain Jonathan
Au bout de quelque deux heures à vive allure, j’arrivai enfin en bord de mer, la première sortie visible au hasard fut la bonne. Il était très tard et surtout, il n’y avait personne sur la plage, pas un chat, même au loin. J’avais envie de taquiner le sable, et pourquoi pas, les quelques vaguelettes venant s’échouer les unes après les autres à quelques dizaines de centimètres de mes pieds. Une fois déchaussé, je m’aperçus, avec un certain étonnement, que le sable avait gardé une tiédeur agréable. Je m’allongeai de tout mon long, après avoir retiré toutes mes fringues, ne gardant sur moi qu’un boxer Calvin Klein™ blanc et noir. Dans un court mais intense moment de folie douce, identique à celle d’un jeune chien se roulant dans l’herbe grasse, je me roulai dans le sable sec, espérant que ma peau s’imprègnerait enfin de cette chaude odeur marine, faisant repenser, ainsi, aux vacances à la mer de mes souvenirs d’enfance. J’avais envie de rester là, toute la nuit durant, sur la grève, doucement bercé par le flux et le reflux des vagues, la légère bise qui les accompagnait, et ce petit rien qui faisait que je ne voulais plus partir d’ici, au moins pour quelque temps encore. J’y étais bien ! Trop bien peut-être pour que ça continue ainsi. Après une bonne demi-heure à rêvasser, à ne réfléchir à rien, laissant monter mes pensées vers les rares nuages visibles pour finir par se noyer dans les flots, fusionnant avec un horizon à peine délimité, j’aperçus une ombre au haut de la dune derrière moi, celle que j’avais dévalée en arrivant, et qu’éclairait maintenant une légère lune rousse. Guettant anxieusement sa prochaine avancée vers la rive, je m’aperçus qu’il s’agissait d’une silhouette masculine qui, me voyant allongé sur le sable, fit rapidement demi-tour pour s’enfuir en courant.
.../... Nous étions tous les deux, assis l’un à côté de l’autre,
au-devant d’un bolide qui roulait, à vive allure, vers Toulouse, à nous
chercher, sans trop vouloir faire un pas l’un vers l’autre. Nous étions
maintenant à environ une heure de la ville rose, quand Tamatea me demanda de
bien vouloir faire un arrêt à l’aire de repos suivante. Le temps passa
inlassablement sans que je ne voie revenir mon Apollon du Pacifique sud. Au
bout d’une trentaine de minutes, sa douche comprise, je sortis de la voiture,
enfilai mon jean blanc à même la peau, sans mon boxer que je laissai sur le
tapis de sol conducteur, et allai vers le bâtiment des toilettes à deux pas du
parking. Personne, pas âme qui vive. Tamatea n’avait laissé aucune trace, son
sac avait lui aussi disparu, et par la chaleur ambiante de ce début d’été, et
les nuits relativement chaudes, les traces de ses pieds trempés avaient déjà
séché depuis longtemps, même l’eau du brumisateur avait également séché sur le
sol agréablement tiède sous mes pieds nus. Je tombai à genou dans l’herbe,
désemparé, pétri de désespoir. Seul ! Il était maintenant évident que celui que
j’avais si rapidement aimé, s’était bel et bien volatilisé.
- Éditeur : Amazon KDP (9 août 2023)
- Langue : Français
- Broché : 343 pages
- ISBN-13 : 978-2494806047
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