François de La Roche
Je venais encore une fois de me réveiller, une fois de plus, dans cette petite chaumière que je connaissais parfaitement bien à présent. Étrangement, l’intérieur était toujours le même, la même disposition dans les trois pièces, le même décor parfois plus vieilli, la même luminosité, la même cheminée où crépitait toujours un feu dévorant quelques bûches de bois sec et une fois de plus, je constatai que, si je sortais au-dehors par la seule porte, le paysage avait, comme souvent, changé de tout au tout.
Une fois encore, une fois de plus, j’avais changé de lieu, d’époque aussi certainement, sans jamais savoir si j’avançais dans le temps ou si je revenais sur mes pas...
Le miroir de la chambre, d’une grandeur plus qu’honorable, et laissant me voir plus que de tronc, me permit de constater que, malgré certains changements auxquels je pouvais m’attendre, je ne prenais pas une seule ride. Incroyablement, j’étais toujours le même.
J’appréhendai cette sortie que je devais bien faire à un moment donné de cette nouvelle journée. Je voulais savourer l’instant présent et attendre encore quelques minutes afin de tenter de me remémorer mon passé, pas si lointain pour moi, puisque je n’avais dormi qu’une nuit, mais tellement éloigné de la réalité qui voulait se présenter à moi au-delà de cette porte que je me refusais à franchir dans l’immédiat.
Toujours devant mon reflet, je regardai ma tenue, la même que la veille, ça non plus ça n’avait pas changé. Je me rappelai parfaitement bien comment je m’étais couché avant que je ne rende mon dernier souffle, avant que je ne meure encore une fois.
Je soulevai ce qui me restait de chemise, un lambeau tacheté de sang, une quantité impressionnante avait dû s’écouler de la plaie, mais je constatai toujours avec la même stupéfaction, que la blessure qui avait causé ma mort prématurée, ce coup de couteau violent reçu près du cœur avait totalement disparu, une fois de plus...
Si le sang s’était manifestement répandu en abondance, causant alors ma mort, tout avait encore disparu, pas même une cicatrice que je cherchais du bout du doigt, des doigts, les laissant se frayer un chemin dans la pilosité foisonnante de ma poitrine, mais rien, pas même une légère douleur, même à peine perceptible, comme cette petite sensation de picotement, rien du tout.
35e roman de François-Xavier David où le personnage principal après de multiples vies n’arrive pas à mourir ; pourtant ses morts successives sont très souvent violentes, mais il se réveille toujours âgé de 29 ans, au même endroit, dans le même lit, sous le même plafond, près de la même porte à la même poignée, et une fois dehors, toujours les mêmes marches et le même puits. C’est après ce puits qu’une nouvelle vie recommence pour mourir à nouveau avant de revivre encore. Il traversera alors les siècles jusqu’à connaître enfin l’explication sur ces plus de quatre siècles d’existence.
- Éditeur : Amazon KDP (21 mars 2024)
- Langue : Français
- Broché : 495 pages
- ISBN-10 : 249480616X
- ISBN-13 : 978-2494806160
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