mercredi 19 juillet 2023

Les Roues de la Liberté

 

Les Roues de la Liberté




"Tu n’aimes pas cette fille ?

— Non, Maman, je n’aime pas cette fille ! dis-je énervé qu’elle parle de cela une fois encore.

Maman me dévisagea, elle me regarda, caressa ma main, passa son index dans la mèche rebelle qui recouvrait mon œil gauche, elle voulait voir mes yeux, ces yeux verts qu’elle aimait tant.

J’avais éludé les autres questions qui n’avaient pas vraiment de sens dans notre discussion « Est-ce que j’avais déjà eu une copine ? », « Est-ce que je préfère les blondes aux brunes ? », « Est-ce que je préfèrerais une femme cultivée qui travaillerait à une femme qui le serait beaucoup moins et qui se consacrerait à sa famille ? ». Je n’avais pas envie de répondre à cela, parce que, finalement, il s’agissait des sujets auxquels je n’avais même jamais réfléchi.

— Tu n’aimes pas les filles ?

— Tu serais extrêmement déçue si c’était le cas ?

— Mais pourquoi serais-je déçue ?

— Parce que je préfèrerais les garçons !

— Évidemment que je suis déçue ! Tu te rends compte ? Mon fils est homosexuel !

— Tout de suite des grands mots ! Homosexuel, comme tu y vas là...

— Mais tu aimes un garçon ! Ce n’est pas anodin Fred-Érick. Un garçon ce n’est pas une fille à ce que je sache.

— Mais on n’a rien fait !

— “Vous n’avez rien fait !” Mais alors explique-moi pourquoi ce mot d’Amélie ?

— On est juste de très bons copains, c’est tout !

— C’est tout ?

— Bon, on s’est juste embrassés, mais rien d’autre ! Ce n’est pas un drame, M’man, quand même !

— Si justement c’est un drame !

— Tu me fais mal, arrête Papa ! Arrête ! pleurai-je de douleur.

Il frappait encore et toujours, il ne sentait plus sa force, les coups pleuvaient, j’avais peur, vraiment peur, je n’avais jamais vu mon père aussi en colère. Réussissant à me relever, je me jetai sur lui en sautant à son cou, en pleurs.

— Arrête Papa, arrête ! Tu vas finir par me tuer si tu continues ! Arrête, je t’en supplie...

Il me fallait fuir le plus loin possible, j’avais encore quelques semaines avant d’être majeur, je devais donc faire en sorte de n’être pas repérable pendant ce laps de temps de ce qui était encore appelée “une fugue” puisque mineur. Parce qu’effectivement, c’était bien une fugue. Que pouvais-je faire d’autre ?"



25e roman de François-Xavier David qui aborde cette fois-ci la dure réalité du rejet des enfants qui annoncent leur homosexualité à des parents homophobes et qui rejettent leur enfant, le mettent à la rue dans le meilleurs des cas, ou alors les frappent d’une telle violence que la seule issue pour l’intéressé est de fuir le plus loin possible afin de ne pas mourir sous les coups.


  • Éditeur ‏ : ‎ Amazon KDP (11 juillet 2023)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Broché ‏ : ‎ 361 pages
  • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2494806085
  • Illustration : Tifenn-Athénaïs David (la_petite_fee_spaghetti)


1 commentaire:

  1. Pareil, moi je n'avais jamais réfléchi à une fille arrivé à mon âge d'ado et après. Faut savoir que ma maman ne m'en avait jamais posé la question. Alors que là par les mots de sa mère, et ensuite les frappes de par son père, il a préféré fuguer ! À en croire, vu les coups, que son père aurait pu le tuer !!?
    Par se fugue, où va-t-il aller, ou va-t-il vivre ou survivre, qui va-t-il pouvoir l'aider, va-t-il demander de l'aide à son ami etc, etc.... ???

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