Dans la Ligne de Mire
(tome 2)
Un jeune soldat allemand se tenait là, le casque vissé sur le crâne, tout tremblant, bien plus jeune que moi en apparence, même si je ne me trouvais pas si vieux, à trente-deux ans pour moi, il devait avoir dix années de moins. Tout du moins vingt ans, mais le visage poupon, dégoulinant de sueur, le fusil pointé vers la porte qui nous séparait.
Je vis la scène entre le battant de cette porte et l’huisserie, juste au-dessus des charnières centrales. Ses yeux étaient gorgés de larmes, effrayé qu’il était par l’ouverture subite de la porte, mais aussi par ma présence sur le palier. En fait, il ne savait certainement pas combien de soldats américains étaient dans la maison et il devait se sentir démuni, comptant probablement les dernières minutes de sa jeune vie qui s’égrainaient inlassablement.
De mon côté, je ne savais pas si je devais avancer ou pas. Attendre... Avancer vers lui au risque de prendre une balle, lui parler, tenter de le calmer. La situation, si elle n’était pas dans cet endroit et à ce moment-là, aurait pu paraître légèrement ubuesque. Lui dans une pièce, tremblant de peur d’être tué par une armada d’Amerloques armés jusqu’aux dents, et moi, dans le couloir derrière la porte à attendre qu’il pose son fusil auquel il tenait plus encore qu’à sa vie. Il regardait la porte sur toute sa surface, jusqu’au bas pour y voir une ombre éventuelle, puis revenant vers le haut pour s’assurer qu’elle n’avait pas bougé d’un poil. Parfois il avait des regards compulsifs sur la droite ou encore sur la gauche afin de surveiller sa solitude dans cet environnement, mais il finissait encore et toujours par figer ses yeux vers moi, sans pour autant me voir.
Le problème de la langue commençait à me venir à l’esprit, comment échanger quelques mots alors que je ne parlais pas du tout l’allemand ? Je posai mon barda au sol, en faisant le bruit nécessaire afin qu’il comprenne, tant bien que mal, que je me trouvais seul. Je le jetai à l’opposé de là où je me trouvais, histoire de voir sa réaction que j’épiai au travers de l’entrebâillement.
Dans un sursaut angoissé, il se redressa et tenta de pointer maladroitement son canon en direction du bruit entendu, puis se ravisa, il tremblait encore plus. Il faisait pitié à voir...
39e roman de François-Xavier David où l’on découvre l’histoire du lieutenant G.I. Gregory Meyer qui, après avoir divorcé, s’engage dans l’US Army afin de partir à la guerre en France où il débarque à Omaha Beach le 6 juin 1944. Seul survivant de son bateau de débarquement avec son radio, John, Gregory propose à ce dernier de rejoindre une autre unité, non loin de là. De son côté, Gregory va faire un rapide état des lieux des quelques maisons d’un petit hameau normand avant de rejoindre cette escouade. Mais tout ne se passe pas comme il l’avait envisagé puisqu’il rencontre Félix Schneider, un “malgré-nous”, un Alsacien enrôlé de force dans la division SS “Das Reich”.
Je vis la scène entre le battant de cette porte et l’huisserie, juste au-dessus des charnières centrales. Ses yeux étaient gorgés de larmes, effrayé qu’il était par l’ouverture subite de la porte, mais aussi par ma présence sur le palier. En fait, il ne savait certainement pas combien de soldats américains étaient dans la maison et il devait se sentir démuni, comptant probablement les dernières minutes de sa jeune vie qui s’égrainaient inlassablement.
De mon côté, je ne savais pas si je devais avancer ou pas. Attendre... Avancer vers lui au risque de prendre une balle, lui parler, tenter de le calmer. La situation, si elle n’était pas dans cet endroit et à ce moment-là, aurait pu paraître légèrement ubuesque. Lui dans une pièce, tremblant de peur d’être tué par une armada d’Amerloques armés jusqu’aux dents, et moi, dans le couloir derrière la porte à attendre qu’il pose son fusil auquel il tenait plus encore qu’à sa vie. Il regardait la porte sur toute sa surface, jusqu’au bas pour y voir une ombre éventuelle, puis revenant vers le haut pour s’assurer qu’elle n’avait pas bougé d’un poil. Parfois il avait des regards compulsifs sur la droite ou encore sur la gauche afin de surveiller sa solitude dans cet environnement, mais il finissait encore et toujours par figer ses yeux vers moi, sans pour autant me voir.
Le problème de la langue commençait à me venir à l’esprit, comment échanger quelques mots alors que je ne parlais pas du tout l’allemand ? Je posai mon barda au sol, en faisant le bruit nécessaire afin qu’il comprenne, tant bien que mal, que je me trouvais seul. Je le jetai à l’opposé de là où je me trouvais, histoire de voir sa réaction que j’épiai au travers de l’entrebâillement.
Dans un sursaut angoissé, il se redressa et tenta de pointer maladroitement son canon en direction du bruit entendu, puis se ravisa, il tremblait encore plus. Il faisait pitié à voir...
39e roman de François-Xavier David où l’on découvre l’histoire du lieutenant G.I. Gregory Meyer qui, après avoir divorcé, s’engage dans l’US Army afin de partir à la guerre en France où il débarque à Omaha Beach le 6 juin 1944. Seul survivant de son bateau de débarquement avec son radio, John, Gregory propose à ce dernier de rejoindre une autre unité, non loin de là. De son côté, Gregory va faire un rapide état des lieux des quelques maisons d’un petit hameau normand avant de rejoindre cette escouade. Mais tout ne se passe pas comme il l’avait envisagé puisqu’il rencontre Félix Schneider, un “malgré-nous”, un Alsacien enrôlé de force dans la division SS “Das Reich”.